Stage de cohésion : l’interview de Fabrice Nivard & Emma Roubinet

par | Sep 21, 2021 | actu du mois

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Les Lionnes à l’assaut de Castelnaud La Chapelle en Dordogne !

Voilà deux semaines que le groupe des Lionnes est revenu du weekend cohésion organisé par le club. À quelques jours de leur premier match de championnat, les joueuses du Stade Bordelais semblent plus soudées que jamais. Fabrice Nivard, coach de l’équipe Élite 1, et Emma Roubinet, capitaine, se sont livrés chacun leur tour sur leur weekend réalisé dans le but de fortifier le groupe bordelais et d’entamer la nouvelle saison en rugby féminin de la meilleure des manières.

Peux-tu te présenter ?

Emma Roubinet : Je m’appelle Emma ROUBINET, j’ai 26 ans et́ je suis licenciée chez les Lionnes du Stade Bordelais depuis mes 17 ans. J’ai commencé le rugby à 16 ans et je joue troisième ligne aile.

Fabrice Nivard : Fabrice Nivard, j’entraîne des Séniors depuis 13 ans et j’entame ma 2ème année avec les Lionnes.

Qui a eu l’idée de préparer un stage cohésion et comment l’avez-vous organisé ?

Emma Roubinet : Les stages de cohésion ont lieu tous les ans en pré́-saison et sont généralement organisés par le staff. Nous n’avions aucune idée du lieu ni des activités qu’ils avaient prévu.
Nous concernant, les anciennes joueuses, nous avons pour habitude d’utiliser ce temps de cohésion pour intégrer les nouvelles avec différentes activités. Le but étant d’apprendre à se connaitre et de créer du lien.

Fabrice Nivard : Cette année, le stage cohésion a été préparé sans rugby. On voulait vraiment que ce soit axé sur l’entente, le fait d’apprendre à se connaître. On a fait cette année un recrutement assez conséquent, il y a beaucoup de filles nouvelles et de divers horizons qui nous rejoignent même si on a réussi a gardé essentiellement notre effectif de l’année dernière. On ressentait le besoin d’axer sur des activités hors rugby où les filles pouvaient faire connaissance.

C’était une véritable volonté de notre part de partir sans ballons, sans parler rugby et axer ce weekend sur des activités diverses. On a fait de la marche, du canoë, une belle soirée le Samedi soir, une activité piscine le lendemain… C’était une belle réussite et je pense que ça nous a permis de gagner du temps sur le fait d’apprendre à se connaître, pour savoir qui est qui, que ce soit le staff et les joueuses, les joueuses entre elles… C’était quelque chose d’important.

Combien étiez-vous durant le weekend ? Tout le monde était-il présent ?

Emma Roubinet : Nous étions une cinquantaine de joueuses à avoir répondu présente. Tout l’effectif n’était pas au complet mais une bonne partie a pu se libérer pour vivre ce temps de partage.

Quels sont les apports et les avantages d’un stage cohésion ? Considères-tu que cela est indispensable ou est-ce plutôt un bonus dans une équipe ?

Emma Roubinet : Un stage de cohésion est pour moi indispensable en début de saison. Cela permet d’apprendre à se connaître, de s’intégrer pour les nouvelles et surtout de créer un vrai « groupe » toutes ensembles. On apprend à trouver sa place au sein du collectif et on apprend à communiquer ensemble à travers les différentes activités. Ces moments de partage sont essentiels pour la cohésion d’équipe et les futures échéances à venir.

Fabrice Nivard : Beaucoup de club travaillent sur des stages cohésion, sous différentes formes. On avait déjà fait des stages mi rugby mi cohésion avec des animations et des activités diverses et variées, on a également déjà fait des stages axés 100% sur le rugby… Les deux sont importants, mais nous savions que le weekend du 4 (Septembre), on avait une journée complète consacrée au rugby à St Médard en Jalles. Du coup ça nous a permis d’axer ce stage là sur des activités ludiques. L’important pour nous c’était vraiment de créer un groupe et une cohésion en interne grâce à des activités, de la bonne humeur, une bonne ambiance et c’est ce qui s’est passé. C’était vraiment un weekend super ! Grace à cela, on estime gagner du temps. Le rugby est un sport collectif, il faut de la cohésion, il faut que les filles se connaissent et sachent vivre ensemble donc il est important pour nous de pouvoir proposer des activités ludiques.

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Un week-end convivial mais quand même sportif !

Comment ça s’est passé ? (Thème, activités, ambiance…)

Emma Roubinet : Nous étions au ́cœur du Périgord Noir en Dordogne à Castelnaud La Chapelle. Nous avons commencé par une randonnée déguisée. Le thème était « médiéval ». Puis nous avons fait du canoë̈ l’après-midi où nous avons pu observer les châteaux de la vallée de la Dordogne. Le tout ponctué par des activités organisées par le staff et les anciennes tout au long de la journée. Le soir nous avons dormi dans un camping le long de la rivière. Le lendemain, nous avons conclu notre week-end par des jeux aquatiques. L’ensemble des filles s’est vraiment bien amusé pendant ces deux jours, les activités étaient chouettes et nous avons pu apprendre à nous connaître au fil de la journée et du samedi soir. Bref l’ambiance était conviviale et chaleureuse.

En quoi organiser des activités ludiques en avant saison permettent à un groupe de se rapprocher ?

Fabrice Nivard : Comme je l’ai dit, on a fait 9km de marche à pied, il y avait une partie physique, ça nous a permis de voir l’état d’esprit des filles par rapport à cette « difficulté », c’était intéressant. Il faisait chaud, c’était dans la bonne humeur. Il y a eu aussi la partie canoë, c’était vraiment le plus : la baignade, la folie, l’amusement, même si ça reste également un peu physique mais ça nous a permis de passer une journée à la foi sportive, ludique et conviviale.

Pour toi, qu’est-ce qu’un stage cohésion réussi ?

Fabrice Nivard : Je dirais à partir du moment où l’on ressent que le groupe vit bien, que les filles sont prêtes à vivre ensemble dans la facilité ou la difficulté. Ce qui s’est dégagé durant

ces 2 jours, c’est de la bonne humeur, de la cohésion, de l’entraide. L’objectif majeur, c’est de commencer ensemble et de finir ensemble. Notre but, c’est d’être performants et être soudés de la première à la dernière minute d’un match. Ça crée une cohésion de groupe et les filles qui sont « plus fortes mentalement » entraînent celles qui sont un peu plus dans la difficulté.

Avant le stage, les filles se regardaient un peu du coin de l’œil, plusieurs ne se connaissaient pas. Ce n’est pas toujours facile, les filles sont jeunes et arrivent d’horizon différents, dans un club qu’elles ne connaissent pas toutes. À l’âge qu’elles ont je trouve ça courageux. Au début, elles sont un peu sur les talons, elles examinent, elles regardent, elles ont du mal à se fondre dans le groupe car il y a déjà un groupe fort chez nous, avec des filles qui jouent ensemble depuis des années, donc ce n’est jamais facile de s’intégrer. Durant ces deux jours, forcément les moments d’activité, de soirée, les grillades etc… ont permis aux filles d’apprendre à se connaître et ça désamorce beaucoup de choses au final. À ce moment-là, la saison était lancée et la semaine d’après, lors des entrainements, les filles savaient qui était qui globalement, se connaissaient et ça nous as permis de gagner du temps sur la préparation.

Cette année, le club a réussi à conserver presque toutes les Lionnes et à faire monter plusieurs cadettes, comment l’expliques-tu ?

Fabrice Nivard : L’objectif premier cette année, c’était déjà de garder l’effectif. On voulait construire par rapport à l’effectif de l’année dernière. C’était une priorité. Après, selon nos besoins et par rapport à ce que nous souhaitons mettre en place avec le staff, on avait des besoins sportifs, ce qui nous a obligé à aller chercher certaines joueuses. Concernant les cadettes, nous avons une très belle formation au Stade Bordelais, il y a une cinquantaine de filles en cadettes avec quelques-unes qui nous ont rejoint cette année en effet, avec un fort potentiel. Il y en a certaines pour qui ça prendra du temps et d’autres iront très vite en Élite 1. Certaines évolueront avec nous, d’autres évolueront avec la Fédérale 1, mais ce qu’il y a de sûr, c’est que ce sont des filles sur qui on compte pour l’avenir du club. C’est important pour un club comme le Stade Bordelais de pouvoir former ses joueuses, mais surtout de pourvoir les garder.

Emma Roubinet : L’année dernière a été sans doute la plus belle des années en termes d’ambiance et de cohésion d’équipe. Nous sommes toutes très soudées et je pense que chacune des filles a su trouver sa place. Le staff et les dirigeants ont su mette en place des moyens techniques, humains et matériels pour conforter le projet sur 3 ans du club. Nous avions donc toutes envie de poursuivre l’aventure cette année.

« Nous sommes toutes très soudées » Emma Roubinet

Le projet semble plus ambitieux, qu’est ce qui a changé cette année et qui fait que l’équipe se sent capable d’aller plus loin que les autres années ?

Emma Roubinet : Le projet est le même que l’année dernière, il s’établit juste sur 3 années, nous attaquons la 2ème année et avons donc une 2ème marche à franchir. Le club a su se renforcer grâce à l’arrivée de nouvelles recrues qui vont pouvoir mettre à profit tout leur potentiel pour l’équipe.

Il va donc de soi que nous avons plus d’ambitions que l’année dernière. Cependant il faut rester lucide, le groupe est jeune et doit encore gagner en expérience.

Il y a un nombre de recrues très important, dans quel état d’esprit es-tu concernant toutes ces arrivées ? Redoutes-tu le nombre important de changements ou vois-tu cela comme une opportunité ?

Fabrice Nivard : Forcément, on s’est posé des questions concernant les joueuses, ça peut faire peur de se retrouver à deux, trois ou quatre au même poste. On souhaite travailler dans la continuité de la saison dernière qui a été positive, on a montré un beau visage en termes de structure de club. Le Stade Bordelais est actuellement en pleine restructuration au niveau des dirigeants, des bénévoles, des staffs, il y a une évolution qui se crée depuis 2 ans et la continuité pour nous, c’était d’apporter de la nouveauté, par du recrutement. Nous sommes allés chercher des joueuses et grâce à notre saison dernière et ce qu’on a un petit peu montré en interne, sportivement et au niveau de la structure, beaucoup de joueuses nous ont aussi sollicité. Je pense qu’on a donné envie, on a été attractifs sur le terrain et en dehors. Le recrutement a été assez facile mais oui forcément, chez nos joueuses, ça a posé question. En termes de management, ça va occasionner une gestion différente. On va passer de 26-28 filles sur le groupe Élite 1 l’année dernière à 34 filles à peu près cette année, peut- être même plus, on peut avoir des surprises avec certaines jeunes. Mais oui, ça va mettre de la concurrence au niveau des postes, ça va obliger les filles à se dépasser, se surpasser et on le voit déjà, on voit des comportements changer, des filles changer du tout au tout en termes d’application, de concentration aux entrainements. C’est très positif mais il va y avoir un management sérieux à mettre en place de notre part avec Flo (Torregaray).

Emma Roubinet : C’est une réelle opportunité́ pour nous de voir autant de filles intéressées par le club. Les dirigeants ont fait un énorme travail de ce côté-là pour renforcer le groupe. Le recrutement a été fait intelligemment, nous manquions de densité́ physique à certains postes, ils ont appelé des filles correspondant au projet de jeu du club mais également à l’état d’esprit. Ces renforts vont pouvoir permettre à l’équipe de rester performante tout au long de la saison sachant qu’il y a beaucoup de matchs à assurer. C’est l’occasion d’apprendre auprès de certaines qui sont plus expérimentées et cela est très favorable pour la montée en puissance du groupe.

Était-ce une obligation selon toi de renouveler l’effectif cette année ? Y a-t-il eu un dialogue entre la direction/le staff et la capitaine des Lionnes concernant les changements dans l’équipe ?

Emma Roubinet : Bien sûr, il y a un véritable dialogue entre le staff, les dirigeants et certaines cadres de l’équipe.
Ils nous ont consulté́ pour connaître notre avis et pour que l’on communique sur notre ressenti et nos besoins en termes d’amélioration de l’effectif.