Rose Thomas, retour sur son expérience aux JO de RIO en 2016 !

par | Juil 28, 2021 | Nos Lionnes stars

Rose Tomas en EDF Rugby féminin
Rose Thomas, Lionne sélectionnée en équipe de France.

A la veille du tournoi féminin de rugby à 7 aux JO de Tokyo, Rose Thomas, qui a participé au retour du rugby aux JO de Rio en 2016, revient sur cette expérience et partage ses pronostics. 

Combien de sélections comptes-tu avec l’EQUIPE de France ? 

J’en ai une avec le XV. Avec le VII je dois en avoir une trentaine. 

Tu étais déjà internationale avant d’aller aux JO ? 

Oui. J’avais fait ma première sélection à 19 ans. Lors des JO, j’avais 28 ans. 

Comment as-tu appris ta sélection pour les JO de RIO ? 

Il faut savoir qu’avec l’Équipe à VII, on s’entrainait déjà ensemble depuis 3 ans, on vivait quasiment H24 ensemble et on s’entrainait 3-4 fois par jour. L’année de préparation aux JO, nous étions 20-21 filles sélectionnées en stage à Tignes, dans les Alpes et à l’issue de ce stage, le coach a annoncé les 12 joueuses qui allaient participer aux Jeux Olympiques plus les 2 remplaçantes. 

Qu’est ce qui rend l’atmosphère des JO si particulier et différent et si unique ? 

En soi, le tournoi en lui-même n’est pas si différent, c’est une formule qu’on connait (2 matchs par jours sur 3 jours). Ce qui change vraiment, c’est le fait d’être avec d’autres athlètes. L’ambiance olympique fait que le soir quand tu rentres et que tu vas manger, au lieu d’être uniquement avec des rugbywomen, au restaurant olympique tu croises les volleyeurs, les handballeurs, les sprinteurs… 

Aux Jeux Olympiques, il y a un village Olympique destiné à accueillir les athlètes avec environ un immeuble par nation, un immeuble où tous les français sont réunis au même endroit, mais lorsque tu vas manger, il y a un restaurant, comme un grand hangar avec des spécialités de tous les pays et tout le monde mange au même endroit. 

Cette année, le COVID a forcément modifié beaucoup de choses à Tokyo, mais à Rio en 2016, tout le monde mangeait au même endroit, tout le monde est logé à la même enseigne, toute la team France s’habille de la même manière, c’est très uniformisé, on est vraiment une équipe France ! 

Rose Thomas JO rugby
Rose Thomas aux JO à Rio en 2016

Quel est ton bilan personnel et collectif des JO de Rio en 2016 ? Qu’est-ce que cette expérience t’a apporté pour la suite de ta carrière ?
Sur le moment, on a du mal à trouver des plus car on vient avec l’objectif de performer, voire de réaliser la meilleure compétition qu’on ait jamais faite car on sait que c’est tous les 4 ans, pour certains c’est qu’une fois dans une vie, comme moi, donc tu te dis « quel que soit le temps de jeu que je vais avoir, je dois tous donner ». Moi, dans cette équipe de France, je ne commençais pas forcément les matchs. Lorsque je rentrais, c’était justement pour pouvoir apporter ma vitesse, mon explosivité… 

Pour moi, ce qui a été compliqué, c’est la défaite face au Canada en 1⁄4 de Finale, car justement je ne rentre pas durant ce match. Forcément c’est dur car tu partages la déception de toutes tes coéquipières, et d’un autre coté tu te sens impuissante car tout ce que tu penses pouvoir apporter, tu n’as pas pu sur ce match-là. Malgré tout il faut quand même remobiliser les troupes car forcément tu n’as pas de médaille mais tu as quand même 

un classement à la fin, donc il faut quand même remotiver l’équipe et j’ai eu ce rôle-là durant les Jeux Olympiques. Il y a eu de la déception forcément car je n’ai pas eu le temps de jeu que je voulais avoir mais je ne regrette pas, je ne sais pas si j’aurais mieux fait… Donc sur le moment, ça a été très dur.
Et puis ensuite quand tu rentres en France, quand tu regardes le chemin parcouru, on se dit que c’était une première compétition olympique, c’est la première édition du rugby à VII aux Jeux Olympiques, c’est là qu’on se rend compte qu’on a fait pas mal de chemin et c’est peut- être une ouverture de voie pour les équipes d’après. Je suis globalement contente et fière d’avoir pu y participer et d’avoir pu faire partie de cette équipe et puis on se souvient souvent des premiers.
En tant que joueuse, ça m’a beaucoup apporté, ça a été un objectif que je voulais atteindre, j’arrivais de l’athlétisme, et même si j’avais un bon niveau en athlétisme, j’ai su rapidement que je n’allais pas pouvoir participer à ce type de compétition donc quand le rugby à VII est sorti comme sport olympique, je me suis dit qu’il y avait une opportunité et le fait de se dire que j’étais olympienne, c’était une fierté. Quelle que soit ta médaille tu deviens olympienne à vie ! Et les gens te voient comme une olympienne, quel que soit ton âge, ton vécu, ton sport, ils gardent en tête que tu as fait des sacrifices, que tu t’es entrainée, que tu as eu un mode de vie pour faire des Jeux Olympiques et c’est quelque chose qui marque ! Moi qui ai un enfant, je me dis que je pourrais lui apporter ces valeurs là et lui dire « je sais ce que
c’est ! » 

Tu penses que vous auriez pu aller plus loin que ces 1⁄4 de Finale ? 

Oui je pense. Après au classement général, on finit 6èmes (nous étions 5èmes au classement mondial), donc on finit à notre place, mais sur des jeux Olympiques tout est possible, mentalement si tu es plus fort tu peux aller décrocher une médaille. La déception était grande forcément mais on finit à notre place. 

Rose Thomas en Équipe de France

Comment as-tu vécu le fait d’être davantage utilisée comme une leader du groupe que comme titulaire ?
La particularité du rugby à VII, c’est son côté intense physiquement donc tu sais que les remplaçants sont hyper importants. Que tu débutes ou que tu termines un match tu sais que ton rôle va être important. En voyant la saison et l’équipe, je savais qu’il y avait un 7 qui était déjà dessiné. Moi, j’apportais vraiment un plus sur certains points et par rapport à certaines équipes qu’on allait rencontrer. Il faut des joueuses comme ça dans un collectif car l’équilibre ne tient à rien et il est maintenu par tout un groupe, ça va de la personne qui joue à la personne qui rentre. Pour être une équipe, il faut le comprendre, il ne faut pas être égoïste et même si c’est très dur. 

Les choix ont dû être compliqués entre ton métier d’infirmière et ta carrière de joueuse de haut-niveau… T’es-tu déjà demandé si tu souhaitais « sacrifier » un des deux ?
Un moment donné, il faut faire des choix. Il faut savoir que nous avions des contrats à 75% avec la Fédération. Nous étions payées pour jouer au Rugby, on pouvait en vivre. Moi, j’avais un diplôme d’infirmière et ça a été un choix de vouloir exercer pour ne pas perdre mes compétences. Sur des weekends, des vacances où je rentrais, je réalisais des petites missions qui me permettaient de garder la main. 

L’année Olympique, on est passé à un contrat 100%. Quand tu passes à 

100%, l’objectif devient différent. Tu te dois d’aller chercher une médaille olympique. Donc le choix s’est fait naturellement car si j’avais voulu continuer les 2 ça aurait été très compliqué, on s’entraînait parfois 4 fois par jour, on partait dans des destinations où il y a des décalages horaires (Australie, Brésil, États-Unis, Hong-Kong…), ce n’était pas très compatible avec une vie quelconque à côté qu’elle soit personnelle ou professionnelle. Quand on a des objectifs aussi hauts, le choix se fait naturellement. Nous avions la chance avec le rugby d’avoir des contrats qui nous permettaient de vivre de notre sport, donc c’était envisageable. 

Que penses-tu de l’Équipe de France cette année ? Quel est ton pronostic ? 

Je pense qu’elles peuvent réussir. Elles ont été vice-championnes du monde en 2018, meilleure performance jamais réalisée par une équipe française de rugby donc je pense qu’elles sont capables d’aller chercher une médaille. Ce sera dur, c’est du « one-shoot » et puis avec le COVID, la saison a été compliquée, les équipes ne se sont pas rencontrées depuis longtemps, mais je pense qu’elles peuvent le faire. Le groupe a mûri et a appris des erreurs qu’on a pu faire avant dans notre manière de nous préparer pour 2016 donc je pense qu’elles ont vraiment un groupe capable de performer. 

Qu’est-ce qui fait leur force cette année selon toi ? 

Déjà, elles ont le Canada dans leur poule, qui est l’équipe qui nous a battu en 1⁄4 de finale, donc je pense qu’elles l’ont encore en travers de la gorge. Les avoir dans notre poule, c’est une bonne chose et ça montrera dans quel état d’esprit on est, même si ça sera difficile car le Canada a aussi à cœur de faire mieux que les derniers JO (médaille de bronze). Elles auront aussi une motivation différente de la nôtre mais qui sera très forte aussi. Ça sera un gros match. Mais le match le plus compliqué pour moi au Rugby à VII ce sont les quarts de finale. Sur ce match-là, où tu vas plus loin et tu as une chance de médaille, ou tout s’arrête.